Education et école à Rome (Sarcophage romain, Musée du Louvre) : Cette gravure présente, en 3 scènes, les 3 âges de l’enfance. A droite, la mère allaite son enfant devant le père pensif et respectueux. Elle en a la garde jusqu’à l’âge où l’enfant passe sous la tutelle du père (pater familias : scène du milieu) qui l’initie aux « jeux virils » : on voit ici l’enfant jouant avec un petit char. A droite, le père instruit lui-même son enfant. Assis, il l’interroge ou le fait réciter. Le père est aussi le « prêtre de la religion domestique ». Son autorité est incontestée et sans limites. Il peut refuser d’élever ses enfants, il peut les exposer et les vendre, il peut les marier à sa guise. Il est le juge suprême, peut condamner sa femme et ses enfants et a le droit de les faire mettre à mort. La mère de famille, ou matrone, tient une place importante dans la famille. Elle est entourée du plus grand respect, partage les honneurs que l’on rend à son mari, paraît avec lui aux cérémonies. Chacun, même le Consul, lui cède le pas et se range sur son passage. L’enfant est élevé à la maison par sa mère. Il porte au cou la bulle, petit sachet contenant des amulettes pour le protéger contre les mauvais sorts, et est vêtu de la robe pretexte ornée d’une bande de pourpre. Vers l’âge de 6 ou 7 ans, l’enfant fréquente l’école. Les familles riches emploient des précepteurs chargés de l’éducation des enfants. Plus tard, s’il s’en montre capable, le jeune homme fréquente les écoles des rhéteurs où il s’exerce à l’éloquence. A 17 ans, il quitte la bulle et la robe prétexte pour revêtir la toge virile et, entouré de tous les siens, il va se faire inscrire comme citoyen de la cité. Souvent, les jeunes gens des grandes familles allaient achever leurs études à Athènes dont la civilisation rayonnait sur tout le monde antique. Voici comment Caton l’Ancien enseignait son fils : « Lorsque Caton eut un.fils, jamais l’affaire la plus pressée, à moins qu’elle ne regardât la république, ne l’empêcha d’être auprès de sa femme quand elle lavait et emmaillotait son enfant. Elle le nourrissait de son lait ; souvent même elle donnait le sein aux enfants de ses esclaves, afin que, nourris du même lait, ils conçussent pour son fils une bienveillance naturelle... « Dès que ce fils eut atteint l’âge de raison, Il le prit auprès de lui pour l’instruire dans les lettres, quoiqu’il eut un esclave honnête, nommé Chiion, qui était bon « grammérien », et qui enseignait plusieurs enfants. Il ne voulait pas, dit-il lui-même, qu’un esclave fît des réprimandes à son fils, qu’il lui tirât les oreilles pour avoir été trop long à apprendre, ni que son fils dût à un mercenaire un aussi grand bien que l’éducation. Il fut donc lui-même le maître de grammaire du jeune Caton, son guide dans l’étude des lois, et son maître d’exercices.. Il lui enseigna non seulement à lancer le javelot, à combattre tout armé, à monter à cheval, mais encore à s’exercer au pugilat, à supporter le froid et le chaud, à traverser à la nage le courant le plus rapide. Il rapporte qu’il lui avait transcrit, de sa propre main, des traits d’histoire en gros caractères, afin qu’il profitât, dans la maison même, des faits vertueux des anciens Romains. Il s’abstenait, devant son fils, de toute parole déshonnête. « Ainsi Caton ne négligeait rien pour former son fils à la vertu, et le conduire à la perfection. Il est vrai qu’il trouvait en lui les meilleures dispositions, et que la bonté de son naturel rendait son esprit docile aux leçons de son père... » PLUTARQUE, Vie des Hommes Illustres (Trad. : Ricard)